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Gotlib, une vie en bandessinée : Ze interviou

15/01
 
Comment fêter les 50 ans de Fluide Glacial sans mettre la lumière sur notre saint Patron : le grand et vénéré Marcel Gotlib ! Chaque mois de cette douce année 2025, vous aurez le plaisir de découvrir un épisode de la vie de Marcel, scénarisé par Arnaud Le Gouëfflec et dessiné par Julien Solé. 
De sa jeunesse à sa retraite, en passant par son arrivée à Pilote et ses années Fluide Glacial, (re)découvrez la vie haute en couleurs du Maestro. 
Pour l’occasion, nous vous proposons une interview croisée avec Arnaud, Julien et Ariane Gotlib, fille et prunelle des yeux de Marcel. 
 
 
 
 
Arnaud, Julien, Ariane, comment avez-vous rencontré Marcel Gotlib ? 
 
Ariane : Je me promenais tranquille dans le bas ventre de ma mère, quand subitement (c'est le cas de le dire) papa est arrivé sur son beau cheval (ou têtard suivant tes préférences) blanc… On a tout de suite accroché et fusionné...
 
Julien : J’étais trop petit pour m’en souvenir ! Mon père et Marcel se sont rencontrés à la rédaction de Pilote quelques mois avant ma naissance, j’ai donc grandi en le voyant de temps à autre, quasiment comme quelqu’un de la famille. J’ai un souvenir bien plus précis des années 80, quand on passait des soirées dans la maison de la famille Lob. Jacques, Marcel et mon père s’enfermaient en fin d’après-midi dans le bureau pour bosser sur les pages de Superdupont. Ça rigolait fort, ça clopait beaucoup et on entendait le claquement de la machine à écrire qui couchait sur le papier les modifs de scénario.
 
Arnaud : J'ai rencontré Marcel Gotlib au CDI du Collège Jules Verne de Saint-Hilaire du Harcouët, par le truchement de Trucs-en-vrac. J'étais en cinquième. J'ai ouvert l'album absolument au hasard, et ma vie en fut bouleversée. C'était en noir et blanc, hyper bien dessiné, ultra drôle et en même temps, ça expliquait toutes sortes de choses, et notamment le langage de la bande-dessinée. Je me souviens surtout de cette planche avec les différents types de dessinateurs, le paresseux, qui se contente de silhouettes noires sur fond blanc et remplit des cases avec des explosions pour éviter d'avoir à dessiner, l'encombré, dont les bulles débordent du cadre, le myope, qui ne dessine que des très gros plans. Ça me faisait rire, et en même temps, je sentais que ça s'adressait à l'intelligence du lecteur. C'est en lisant Gotlib que je suis devenu scénariste, en fait, même si je ne l'ai pas compris tout de suite.   
 
Arnaud, comment as-tu procédé pour retracer la vie de Gotlib ? Quelles ont été tes sources ? 
 
Arnaud : J'ai puisé notamment dans "Ma Vie-en-Vrac", l'extraordinaire biographie de Gilles Verlant, les "Entretiens avec Gotlib" de Numa Sadoul, "Les Mondes de Gotlib" chez Dargaud, publié par le Musée d'art et d'histoire du judaïsme, "La Révolution Pilote" de Aeschimann et Nicoby, dans "Gotlib, de Pilote à Fluide Glacial", dans "Les Editos de Gotlib" publiés chez Fluide, dans "J'existe, je me suis rencontré" de Marcel Gotlib lui-même, et dans son œuvre en général.     
 
Comment t’organises-tu pour écrire un biopic, toi pour qui l’exercice n’est pas nouveau ? 
 
Arnaud : Je lis pas mal de choses, j'essaie de retracer la vie de la personne dont il est question, d'en avoir une vue panoramique, et je m'attache à ce qui m'émeut, à ce qui me semble essentiel, à la "problématique" centrale de la personne, ou en tous cas à une hypothèse de problématique, car nous avons tous une semblable problématique au coeur de notre vie. Mais je garde présent à l'esprit qu'il s'agit d'une interprétation, qui n'épuise pas la complexité d'une existence. C'est juste un point de vue, mais qui essaie d'éclairer et de donner du sens.

Julien, comment as-tu procédé pour choisir ton style graphique ? T’es-tu appuyé sur des archives ?
 
Julien : Comme à chaque nouveau projet, il s’agit de savoir où placer le curseur graphique. Rigolo/cartoon/gros nez ? Semi réaliste ? Franchement réaliste ? Avec un sujet pareil, avec des épisodes de vie pareils, je ne me voyais pas aller vers un dessin caricatural. Ce qui ne veut pas dire qu’un autre type de graphisme n’aurait pas fonctionné, d’ailleurs. Le décalage entre le sujet tragi-comique, le propre dessin de Gotlib- dont il faut bien réaliser l’aspect révolutionnaire à l’époque- et ma propre envie d’essayer de nouvelles choses graphiquement, a dicté mon choix. Ariane nous a généreusement permis d’accéder aux archives familiales, et cette somme de documents incroyables a été comme une validation.
 
Ariane, comment vis-tu le fait de voir la vie de ton père mise en bande dessinée par nos deux amis ? 
 
Ariane : Je trouve l'idée géniale et je suis très fière que son chemin de vie personnel et artistique suscite l'intérêt des deux auteurs puis des lecteurs !
En plus, aux vues de leur travail de recherche acharné, sur un malentendu, je vais carrément apprendre des trucs !
 
Depuis plusieurs années, tu travailles à entretenir l'œuvre de ton père. Ça rime avec mettre le nez dans ses archives, notamment pour ce type de projet ? 
 
Ariane : Oui mon bureau est maintenant devenu une annexe du sien. Je poursuis ce qu'il n'a pas eu le temps de faire. Et puis, les enfants ne sont-ils pas toujours le prolongement des parents ? Quand en plus il y a un tel patrimoine artistique à pérenniser, et tant de choses inédites à faire encore, c'est un vrai régal. Cette future bande dessinée de Arnaud et Julien sera assurément géniale, et une suprême félicité à lire et relire. 
J'ai également lancé un prix de bande dessinée humoristique qui porte son nom, le Prix Gotlib, le seul de ce nom, et le seul concernant la BD d'humour. Cela me plaît particulièrement d'encourager des auteurs, et d'honorer l'humour aujourd'hui, dans ce monde de fous… L'utile a donc largement rejoint l'agréable !
Du coup, avec tout ça, je ne suis pas certaine de couper le cordon paternel un jour...!
 
 
 
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