Le détournement d’images, de photos, de publicités fait partie de l’identité de Fluide Glacial.
Gotlib et Léandri ont été les premiers à s’essayer à l’exercice.
Puis en mars 2010, Emmanuel Reuzé signe sa première fausse pub : la méthode Azzimil « Apprenez le braille sur un adolescent », où l’on voit un pauvre lycéen la tête recouverte de bubons protubérants. Des auteurs comme Un Faux Graphiste s’en empareront également : dans son cas, il reprend des photographies de Nadar afin d’en réaliser des bandes dessinées. Depuis le hors-série n° 82, c’est Sylvain Deffaix qui nous régale de cet art, pour illustrer les articles de L’Éclaireur…
Fluide Glacial : Salut Sylvain ! Dis-nous tout… Comment as-tu découvert Fluide Glacial ?
Sylvain Deffaix : Salut Fluide ! Eh bien, j’ai découvert Fluide comme tout le monde, dans la bibliothèque de mon père, avec ce petit sentiment d’interdit. Grande fierté d’y participer aujourd’hui ! Tout a commencé un jour où Emmanuel Reuzé (qui faisait les photomontages à ce moment-là) avait trop de boulot. Il m’a demandé de le remplacer pour un hors-série. Mais il faut croire qu’il est toujours bien occupé, je le dépanne depuis bientôt sept ans maintenant…
F.G. : Tu faisais déjà du détournement avant ? (Que ce soit dans le secteur de l’humour ou pour la pègre…)
S.D. : Figurez-vous que j’ai déjà travaillé pour Bilboquet, un concurrent sérieux à la grande époque du Gorafi, mais disons qu’habituellement je fais du photomontage à des fins de communication (festivals, publicité…).
F.G. : Raconte-nous un peu comment ça se passe à réception des textes de L’Éclaireur. Comment t’organises-tu ? Sur quels logiciels travailles-tu ?
S.D. : Il y a d’abord la surprise : comment peut-on pondre des idées pareilles ? Puis vient la colère et le découragement : comment je vais faire pour mettre ça en image ? Enfin le plaisir de chercher, d’assembler, de mettre en forme un truc qui se tient à peu près. Je travaille exclusivement sur Photoshop pour le photomontage. Je passe l’essentiel de ma vie à détourer des objets ! J’utilise une banque d’images, c’est un système payant mais qui assure des images libres de droits et de bonne qualité. Peu à peu, j’intègre l’IA dans mon processus, pas pour créer une image de toutes pièces, mais afin de créer des bouts d’image spécifiques à mes besoins. Je demande aussi des photos à la
rédaction de Fluide pour un peu de piment dans leur quotidien… J’ai créé (j’ai fait le calcul pour cette interview) plus de 560 images en comptant les HS. Il y en a beaucoup que j’aime, parfois pour le défi technique, parfois pour le rendu final. J’ai adoré bosser pour le HS tatouage, car j’ai demandé à un ami tatoueur de me donner des photos de ses vrais tatouages ratés qu’il avait demandé à des amis de lui faire pendant une soirée arrosée (beau joueur). Et aussi parce que j’ai pu placer discrètement une référence à la perruche de François Damiens… Mais j’aurai toujours aussi une grande affection pour les images du HS Paris Province, les premières images créées pour Fluide.
F.G. : Sur quoi bosses-tu à côté ?
S.D. : Je suis directeur artistique, graphiste, photographe, vidéaste, maçon et j’ai aussi un grand terrain qui me demande beaucoup de temps en période de tonte. Je travaille à mon compte pour toutes sortes de clients. Mais côté réactivité, personne n’égalera jamais les Fioriquets (Fioretto + Haudiquet) qui mettent en moyenne 0,5 seconde pour répondre à un mail ! Ah là là, la Gen Z…
Que ce soit pour une image de chalets montés sur un téléphérique, un élevage de cornemuses en Écosse ou bien un nageur génétiquement modifié, il ne faut pas demander deux fois à Sylvain de nous réaliser LA photo impossible...