
Édika débarque dans Fouloude Gloziol en 1979.
87 couvertures de magazine, 37 albums, 6 anthologies, un Grand Cru Classé, un Joli P’tit Culte fraîchement disponible en librairie : une œuvre sublime et surréaliste mais toujours sans chute. Du pur génie.
Si Édika est un auteur à la vie relativement classique, ses planches débordent d’inventivité, de générosité, d’absurde, et de poésie, uniques en leur genre. Créateur d’inventions graphiques et langagières, Édouard Carali a commencé à publier avec Pilote, Charlie Mensuel et le Psikopat, fondé par son frère. Sa première publication chez Fluide remonte au n°35 avec « Corruption ». Nous y retrouvons des éléments fondateurs de ce qui fera l’œuvre d’Édika : des personnages à gros nez, des poitrines plantureuses mais, surtout, des rebondissements surréalistes (ici, le prêtre cherchant l’hostie tombée entre les seins de Madame, se retrouve comme dans le sac de Mary Poppins et sort une quantité astronomique d’objets en tous genres, coincés depuis des lustres entre ces mamelles du destin).

Pour lui, publier chez Fluide est « Une formidable aventure et une chance unique qui n'est pas donnée à tout le monde : pouvoir, rien qu'avec de l'encre et du papier, raconter tout ce qui me passe par la tête en s'amusant (pas toujours) mais en s'amusant quand même et d'être en plus payé pour ça. ».
Le métier d’auteur de BD ? « Je crois que c’est un métier très difficile, surtout pour la bande humoristique. En fait, c’est un métier très sérieux : il n’est pas évident de faire rire les gens, de les pousser à acheter une revue de BD humoristique pour se dérider ; il faut être très sévère envers soi-même pour ne pas faire n’importe quoi. En fait, le plus dur est de trouver l’idée, de ne pas tomber dans des clichés, des impressions de déjà-vu. Avec le problème de la feuille blanche, le moment le plus dur est vraiment celui de la recherche de l’idée. Il faut être dans un bon état moral, ne pas avoir beaucoup de problèmes, et notamment pour la BD humoristique, être dans un moment d’enthousiasme*».

À l’occasion des 50 ans de Fluide Glacial, dont Édika aura été et sera pour toujours un pilier, nous avons lancé une nouvelle collection, Les Jolis P’tits Cultes, mettant en lumière certains pans de l’œuvre d’auteurs phare. Vous pouvez ainsi retrouver en librairie Édika sous couvertures, une analyse de son travail sur les couvertures du magazine et de ses albums, avec des documents d’archive inédits.
Tschaw !
*Interview donnée à L’Orient le jour en 1999.
Roi de la découpe, prince du collage, Édika a toujours su nous régaler avec ses inventions, mises en scène et mises en abîme toujours plus originales les unes des autres. À se demander à quoi doit bien pouvoir ressembler son bureau…
« Je suis moi-même assez brouillon dans la vie. Mon bureau, par exemple, est un sacré bordel. Mais en fait, c’est un faux bordel parce que c’est uniquement pendant que je dessine que c’est le cas : je ramasse des trucs de partout et ne m’occupe que de mon dessin, sans avoir la tête à faire de l’ordre. Ce n’est qu’une fois que j’ai terminé mon histoire que je remets le tout en place ».
Retour en images sur certaines de ses plus belles créations :


- La couverture ornée de boutons authentiques, garantis sans sébum : (FG n°278, août 1999)
- La couverture odorante, aux véritables odeurs de pets : (FG 272, février 1999)

- La découpe à même la planche : (voir images sur le serveur)

La mise en abîme : « C’est pour me remettre en question quand je sens que le lecteur pourrait par exemple critiquer, à un moment donné, un de mes dessins. Je me dessine moi-même pour montrer que je suis conscient de l’erreur que j’ai faite, ou du dessin que je n’aime pas, et je le dis donc moi-même. Ou je le fais dire à mon fiston...*»
* Ibid.