Tout droit sorti de l’imagination généreuse de Pierre-Emmanuel Barré et GiedRé, couple d’humoristes et locaux de l’étape, cet événement célèbre sur trois jours la fête et la déconne dans un cadre idyllique. INTERVIEW…
Thomas Bernard : Pouvez-vous nous raconter la genèse du Festival Lol & Lalala ?
Pierre-Emmanuel Barré : On s’est installés dans les Cévennes en 2017, parce qu’à Paris, le prix de vente des numéros hors-série de Fluide Glacial était devenu complètement délirant et qu’on cherchait
un moyen de se les procurer moins cher. Nous avons tout de suite pensé à la province. On a acheté une maison et après on est allés au kiosque de notre village et on a constaté avec effroi que les prix étaient fixes d’un magasin à l’autre. On était dévastés. Ruinés par l’achat de la maison, on se retrouvait bloqués dans les Cévennes sans pouvoir s’offrir un seul petit hors-série. Ma femme a sombré dans la dépression et moi, j’ai cessé de m’alimenter. Et puis un jour, on a décidé de se reprendre en main et on s’est dit « on ne peut peut-être pas s’offrir Édika, mais rien ne nous empêche de faire venir Aymeric Lompret... ». Faute de grives, on mange des merles comme disait ma grand-mère avant de mourir d’une intoxication alimentaire. C’est comme ça que Lol & Lalala est né, avec l’ambition secrète qu’un jour, peut-être, Édika passerait par là pour assister à un des nombreux spectacles et concerts extraordinaires qu’on organise chaque été.
T. B. : Qu’est-ce qu’on ne doit pas rater cette année ? J’ai cru entendre que Lompret faisait un bingo !
PEB : Aymeric Lompret est typiquement l’artiste que vous pouvez rater. Non pas parce qu’il manque de talent, mais parce que si vous le ratez, ce n’est pas très grave, il sera sûrement là l’année prochaine. C’est le running gag de notre programmation, il était là à l’édition numéro un, en première partie de Yoann Metay, il était tête d’affiche l’année suivante après Bun Hay Mean et Thomas VDB. En 2023, il présentait un plateau, après Doully, avec Tania Dutel et Oldelaf et, pour l’édition 2024, il présentera le bingo des vedettes sous le regard envieux de Guillaume Meurice, Benjamin Tranié et Alexandre Vizorek encore fatigués de leur prestation de la veille. Il assurera également une soirée dansante sous le pseudonyme de Docteur Love avec sa playlist de la honte. Je sais pas si ce sera un grand moment, mais je peux vous garantir que ce sera un moment. Et si vous aimez la musique, il y aura Aupinard, Pat Kalla & Le Super Mojo, Francky Goes to Pointe-à-Pitre pour rattraper le coup. Je ne vous dévoile pas toute la programmation, sinon, il y aura trop de gens à venir et j’aurai trop de travail au bar puisque c’est moi qui sers les bières.
T. B. : Un dress code ?
PEB : Oui ! Venez avec des habits auxquels vous ne tenez pas particulièrement, sauf bien sûr si juste après, vous allez à une soirée à thème ou le dress code est : « Venez avec des habits auxquels vous
tenez particulièrement mais qui sentent la bière, la sueur et Aymeric Lompret. » mais à mon avis, ce genre de soirée n’existe pas parce que personne n’est capable de distinguer l’odeur d’Aymeric Lompret d’une odeur de bière et de sueur
Je sais pas si vous avez vu son dernier en date : Thomas VDB s’acclimate, mais ça déboîte les mâchoires. Fini la dégaine de quinquadolescent, VDB s’attife dorénavant tel un néo-rural HM : bretelles en boyaux de chat, futal en lin et chemise en coton. Dans ses nouvelles sapes qui grattent, l’excitadin nous déballe ses angoisses climatiques, ses phobies politiques et ses tourments de papa quant à l’avenir de ses marmots. Bon, sur le papier ça a pas l’air lol, mais je vous promets que même moi qui suis éco-anxieux, j’ai fini par trouver le monde bien bio.
Sentimental Tranié ? Ben, faut le croire. D’ailleurs, son tout nouveau spectacle Félicitations et tout et tout parle de mariage et donc forcément d’amour... À plusieurs ? Vu le trouble de personnalité multiple de notre beauf préféré, c’est à parier ! Autant vous prévenir la liste des convives pour Lol & Lalala est plus longue que les jambes de la mariée, alors munissez- vous de patience et d’une frontale pour dénicher la jarretière.
Après avoir décortiqué la politique, l’art et la culture, voilà qu’Alex Vizorek se pique de nous faire rire avec la Mort. Mais peut-on se moquer de la Grande Faucheuse en toute impunité ? C’est ce que va vous démontrer Alex Vizorek dans son spectacle AD VITAM, à vous autres, tas de gens pressés de vivre. Comme le disait Topor : « Toujou couri pou gagner vie. Quand bien couru vie l’est foutue. ». Alors, offrez vous une pause dans les Cévennes et venez y crever de rire.
S’indigner avec joie, protester avec légèreté, se révolter avec humour, c’est ce que je nomme la méthode Vernon, comme Audrey Vernon. Humoriste engagée, Audrey Vernon prend position pour parler de notre monde englué dans le cynisme capitaliste et la position, c’est important. La sienne, ni au-dessus, ni de côté mais un peu de dessous et de biais, bien en place dans la mêlée, lui permet toutes les impertinences sans faire l’économie de la pertinence. Meeting à la belle étoile à Anduze.
Sophie Le Cam est née la même année que le minitel et son premier album est sorti le même jour que le film Maison de retraite. Hum, c’est pas forcément bon signe pour réussir dans le show business mais Sophie Le Cam est obstinée et comme elle le chante si bien, elle connaît la Louze. Sur des lalala entêtants jusqu’au vertige, elle nous embringue dans des récits lol sur la vie banale avec un sens aigu du détail. Précision pop, concision top, elle mérite de hit parader au sommet des charts de la variet’ underground.
Sur scène, le trio de Moomins passe en revue les plus grandes oeuvres de variété française mais en version suédée et à grand renfort d’Aquavit. Dans l’idée, c’est un peu comme si Trois Cafés Gourmands reprenait ABBA mais en vachement plus lol quand même. Leur premier spectacle s’appelait Hømåj à la chonson française, le nouveau Mariåj en chønsons, et pour Lol et Lalala, les trois têtes blondes nous préparent une sorte de francø-suëdish Kåbaret avec «gubbröra» de leurs plus beaux succès. Skål !
Pat Kalla a rodé son chant sur les trottoirs de Lyon en entamant sans prévenir des mélodies peu amènes sur la maréchaussée. Ce qui lui a d’ailleurs valu quelques cessions d’enregistrement au poste et une bien jolie voix qui porte loin. Depuis, Pat Kalla s’est fait conteur musicien et flanqué du Super Mojo – seul groupe de Lyon qui ne connaît pas les bouchons même pour les oreilles – il vous déhanche les maxillaires et vous gondole les tibias au rythme d’une soul makossa disco chantée dans un créole que n’aurait pas renié le regretté Manu Dibango ou le grand Francis Bebey.
Trio natif des latitudes bruitistes de l’alternative hexagonale, Francky Goes to Pointe-à-Pitre a inventé en une poignée d’albums une musique au croisement du ragga sonic youth et de la biguine pour headbanger ; le coupé décalqué tourangeau. Alors si vous aimez balancer votre tête hilare d’avant en arrière sur des rythmes tropicaux tandis qu’on vous déverse dans les oreilles une salade sonore aux fruits rock, raboulez-vous en chemise à fleurs à Anduze, ça va zouker ferme, moussaillons !