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Olivier Martin-Salvan - Gargantua mon toi, mon tout, mon roi

11/09
 
On peut sans peur qualifier Olivier Martin-Salvan de Rabelaisien. Pas parce qu'il a le physique épais d'un rugbyman friand de troisième mi-temps, mais parce qu'il navigue de bon cœur entre grivoiserie et érudition, paillardise et folle sagesse. La faute à son milieu d'origine, férocement popu et pointu, où la télé, écartelée entre les sketchs des Inconnus et un Rohmer sur Arte, servait de nounou. Où les oncles à table enchaînaient blagues salaces mais aussi citations littéraires obscures. Occitan dans le sang, cathare et marrant, il a ce goût profane pour les légendes médiévales qu'il marie sans crainte à nos anxiétés modernes.
 
 
LES GROS PATINENT BIEN 
Avec Pierre Guillois, son fidèle acolyte, ils créent en 8 jours pour le Rond-Point une pièce tout en carton qu’il juge de prime abord moche mais qu’il faut bien défendre devant un public de pros. Les Gros Patinent Bien qu’elle s’appelle et elle a tout d’une farce cartoonesque doublée d’un hommage sincère au slapstick anglais façon Laurel et Hardy. Spectacle ultra millimétré, d’un minimalisme radical, Les Gros Patinent Bien fait – un comble – un carton, et en est déjà à plus de 800 représentations avec 5 distributions, 5 couples de gros et de minces pour des tournées sans fin partout sur la planète. Pourquoi, me direz-vous, un show où deux larrons au physique inhabituel s’écharpent dans un décor bricolé avec trois bouts de ficelle remporte un succès d’estime et un Molière en prime ? Eh bien, tout simplement parce qu’avec plein de rien et pas mal d’énergie, les 2 zozos embarquent le public en enfance. Spectateurs et spectatrices y projettent des couleurs, y voient des volumes et quand un panneau en papier épais affiche Fjörd écrit à la main, c’est toute la Norvège qui leur saute à la gueule. Si la farce est bonne, quoique un peu maigre de visu, c’est que le duo l’assaisonne au vitriol puis la saupoudre de soufre.
 
La trame de ce cabaret burlesque narre les errances d’un Phileas Fogg ventripotent à l’accent imbitable marabouté par une sirène en toc. Mais voilà que malgré les agitations du factotum maigrichon qui fait défiler les paysages de ce périple statique, le gros s’embarque dans une odyssée tragique et que, toutes voiles dehors, il affiche sans honte son racisme, sa violence et son mépris du monde. Nous voilà bien mal à l’aise sur nos chaises ; les potards de l’humour grinçant sont poussés à fond et ne sont pas près de redescendre.
 
SEPTEMBRE 2024
• les 6 et 27 – Théâtre de Ville de Vendenheim (67)
OCTOBRE 2024
• les 2, 3, 4 et 5 – CDN de Besançon (25)
. les 8 et 9 – Théâtre de Corbeil-Essonnes et le Silo de Tigery (91)
• les 11 et 12 – Le Channel, scène nationale de Calais (62)
• les 15 et 16 – Théâtre de Ville de Compiègne (60)
• 18, 19 et 20 – Théâtre Sorano, Toulouse (31)
• 25 et 26 – Carré-Colonnes, scène nationale, Saint-Médard-en-Jalles (33)
 
 
 
PÉPLUM MÉDIÉVAL
Super rencard au pays du quatrequarts; Olivier Martin-Salvan tombe sur Catalyse, collectif d’artistes professionnel.le.s en situation de handicap mental, il y a 8 ans exactement à Brest. Impressionné par leur puissance de jeu, leur rapport sans filtre à leur art, il commence à travailler avec eux et des élèves d’écoles supérieures prêts à accepter ce vertige pour un projet inclusif. Inclusion réussie ; impossible de faire le distinguo entre les deux groupes d’artistes !
Et c’est tant mieux, parce que trop souvent, le public a un regard condescendant sur les personnes « handicapées » lorsqu’elles jouent seules sur scène. Au final, voilà une pièce avec 18 personnes au plateau, des décors et costumes conçus par le duo Clédat et Petitpierre, une collaboration avec le médiéviste Patrick Boucheron, des bourrées façon jingle pour Game Boy par Vivien Trelcat, des choeurs d’enfants fous par Miguel Henry, des farandoles et gigues chelous fignolées par Ana Rita Teodoro, une intrigue et des dialogues gratinés par le sieur Valerian Guillaume, autre spécialiste du Moyen Âge et scénariste de bande dessinée. Titre de la pièce : Péplum Médiéval.
Pour le coup, c’est une grosse prod digne d’un Leone en tunique flashy ! Bon, ça se déroule pas vraiment au Moyen Âge, hein. Disons que ça se passe dans un rêve, celui de Guillaume, 12 ans, plongé dans le coma depuis 7 ans. Ses
songes accueillent une flopée de persos vêtus comme des playmobils redoublant de farces et de grossièretés autour d’un château blanc comme un os. Voilà le souci : la petite communauté bariolée vit un jour sans fin vu que le dormeur ne se réveille jamais. Et comme il faut bien passer le temps, les habitants de ce royaume onirique le ritualisent de quelques sortilèges salaces et de contes triviaux. Bref, débarrassé de ce côté crade et violent dans lequel la pudibonderie voudrait le voir croupir, le Moyen Âge nous offre ici tout son potentiel de fables merveilleuses portées par des corps joyeux et une langue fleurie. La régression ça a du bon surtout avant le grand saut !
 
JANVIER 2025
• les 10 et 11 au Quartz – Scène nationale de Brest (29)
FÉVRIER 2025
• les 5 et 6 – Maison de la Culture de Bourges – Scène nationale (18)
MARS 2025
• les 5 et 6 – Théâtre de Caen (14)
• les 26, 27, 28 au Domaine d’O à Montpellier (34)
 
 
 
 
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