SALUT MES PETITS GENDRES FLUIDO-FRIGOLARDS PAILLARDOSENSIBLES
AVIDES DE LOLANCE DÉBILO-COMPATIBLES.
Aujourd’hui, je m’en vais vous faire sans me forcer la réclame d’un ponte du réquisitoire à charge contre la connerie ambiante, le cador de la pique lourde de sous-entendus qu’on entend bien, le kid dynamite de l’offense politique sans concessions, le torpilleur d’hypocrisie nationale et toujours bien à ma gauche : le fringant et bien fringué Waly Dia. Issu de cette jeune garde du nouveau rire hexagonal passée sous les fourches caudines de l’émission à Ruquier, « On ne demande qu’à en rire », et du Jamel Comedy Club, Waly Dia est devenu en à peine 10 ans un humoriste incontournable dans sa catégorie : le mauvais esprit. Dernier grand commentateur de l’actu encore en place (pour combien de temps encore ?) sur nos ondes hertziennes publiques (même question), Waly Dia s’est fait connaître pour ses chroniques à la sulfateuse où son impertinence goguenarde se double toujours d’un sens inné du rythme – plus allegro que moderato – que vient méchamment rembourrer un goût très prononcé pour l’humour acide. Hilarantes, percutantes et éreintantes, chacune de ses apparitions Francinterriennes vous mettait les oreilles sur les rotules et des gerçures géantes au coin des lèvres remontées jusqu’au front si jamais c’est anatomiquement possible.
Bon, autant vous prévenir de suite, « Une heure à tuer », son dernier spectacle, est une grosse arnaque. Pourquoi ? me direz-vous, bande de commères bédophiles accros aux scoops graveleux sur people en chien et plein plan lose. Eh bien, déjà parce que le show dure pas loin de deux heures et que si vous voulez vous distraire avec une prestation mollassonne sans prises de position et encore moins de tête vous avez la Comedy Class d’Éric et Ramzy. Chez Waly Dia, on tue peut-être le temps mais on ne perd pas une minute ni une miette d’ailleurs, tout le monde en prend plein la gueule. Tout le monde vraiment ? Non, pas vraiment tout tout tout le monde mais disons que pour les fachos, les racistes, les misogynes, les homophobes, c’est le carnage, et que Waly Dia aime bien changer de cible sans s’émouvoir. Le spectacle change
de tempo et on pourrait croire que l’humoriste passe du coca light juste pour le fun. Mais en fait il suit le fil d’une pensée aiguisée comme le coutelas de Rahan avec pour but la jugulaire des dominants. Ouais, c’est vrai que l’époque est plus riche en connards que le déjeuner de Dupond-Moretti en graisse et que c’est peut-être fastoche de dégommer comme ça tout ce qui nous oppresse. Ben franchement, pour un spectacle qui prône le « rire ensemble » sans arrière-pensée et qui fédère un public aussi disparate, je préfère saluer l’effort et me dire que ça vaut tous les réconforts.
Sinon, à l’heure où je gagne ma modeste pitance en grattant cette petite bafouille à votre hilare intention, l’équipe de Charline Vanhoenacker se désagrège plus vite qu’un cachet d’UPSA au fond d’un verre de larmes pris histoire de faire glisser cette foutue gueule de bois électorale. Suite à l’expulsion de plateau de Meurice par la direction de France Inter, Djamil Le Shlag jette son maillot en direct. Son licenciement dans les semaines qui suivent crée un élan de solidarité chez ses collègues qui s’inquiètent des menaces qui pèsent lourdement sur leur liberté d’expression. Lompret lâche l’affaire, Giedré le suit, Thomas VDB leur emboîte le pas, Laélia Véron, Pierre Thévenoux et enfin Doully démissionnent à leur tour.
Waly Dia, lui, ne démord pas ; le micro, c’est son arme et il ne posera pas son gun malgré les sommations à répétition. En attendant, fidèle au poste de radio, tel un sniper sans spotter ayant troqué ses balles dumdum pour des punchlines explosives, il cartonne de sarcasmes la présidente de Radio France façon Lee Harvey Oswald du verbe et autant vous dire qu’il a la détente facile. Sybile Veil apprend donc à ses dépens qu’il n’y a pas de gilets pare-balles contre les mots, surtout quand ils sont maniés avec précision, et la satire chez Waly, ça tire à vannes réelles.
Définitivement fiché S, Waly Dia est malgré tout en tournée dans toute la France avec son spectacle Une heure à tuer et sera le premier humoriste à jouer à l’Adidas Arena le 8 février 2025.
Thomas Bernard : Comment vous êtes-vous lancé dans la carrière d’humoriste ?
Waly Dia : Je cherchais un métier où mon CV n’était pas à la merci d’un cadre médiocre qui oscille entre discrimination et népotisme. La scène me semblait être une bonne échappatoire à la boîte d’intérim. Plus sérieusement j’ai testé quelques blagues dans un bar il y a un peu plus de 10 ans, et je me suis dit que si ça marchait sur des gens alcoolisés, des gens sobres avec des places payantes, ça frisait le possible.
T. B. : C’est quoi la motivation pour faire ce taf ?
W. D. : L’oseille, la thune, la fraîche, le grisbi, la moula. Mon but est de devenir assez riche pour être de droite, voire même avoir le pouvoir financier d’embarquer dans le vaisseau qui quittera la Terre après l’effondrement. Sinon j’aime aussi pas mal pouvoir évacuer ce que je vois et j’entends de notre société, histoire de pas finir fou à lier dans la forêt.
T. B. : Avez-vous toujours été de gauche ou vous vous êtes radicalisé sur France Inter ?
W. D. : C’est drôle qu’on dise être « de gauche », plutôt que de dire « être pour le partage et l’équité sociale ». Enfin c’est surtout parce que sinon on ne dirait plus « de droite » mais « pour sa petite gueule tant pis pour les autres fallait avoir mes privilèges ». France Inter ne m’a pas changé, j’ai juste pu y être moi-même.
T. B. : Qu’est-ce que ça vous faisait de toucher la même pige que Lompret quand vous, vous faites 10 chroniques en une et lui même pas la moitié d’une ?
W. D. : Aymeric est payé ? C’est ça le vrai scandale.
T. B. : D’où vous vient ce sens de la formule et de la punchline ?
W. D. : J’ai toujours admiré les grands punchliners, d’Iam au Wu Tang, en passant par Audiard et Guitry, jusqu’à Manuel Valls, mon idole absolue.
T. B. : Vous êtes très physique sur scène, vous avez un entraînement particulier, une morning routine ?
W. D. : J’ai choisi ce métier pour ne pas avoir ni de morning, ni de routine. Mais bon je suis devenu père et ça a foutu en l’air mes objectifs. J’ai même pas le droit à la CAF en plus, quelle escroquerie. Mais comme j’ai plus d’une centaine de dates de spectacle par an, j’ai intérêt à garder le peu de cardio que la marmaille ne me prend pas.
T. B. : Comme j’ai pu le demander à Meurice avant sa reconversion involontaire, l’humour c’est de la résistance ou une pilule pour faire accepter aux gens la merde dans laquelle nous sommes ?
W. D. : La meilleure des blagues ne remplit pas le frigo, donc la pilule ne fera pas effet longtemps. Je pense que ça amène de la clarté dans l’étouffement politique qu’on nous assène, ça permet de connecter des points de manière ludique, et de voir que certaines idées sont beaucoup plus rassembleuses que nos journalistes au bout de la laisse de milliardaires veulent nous le faire croire.
T. B. : Je veux pas divulgacher, mais je crois bien qu’à la fin du spectacle vous proposez la grande union des « beaufs » et des « barbares » ? C’est la vraie convergence des luttes selon vous ?
W. D. : Je suis un mélange des deux et je m’entends plutôt bien avec moi-même. On a mis du racisme entre ces deux catégories pour être sûr qu’elles ne s’unissent jamais. Aujourd’hui le clivage est énorme alors que les problèmes sont quasi les mêmes dans chaque zone. Mais les politiques ont bien joué leur partition, et le racisme déjà existant est encore plus prégnant. Le réveil va être dur pour tous ceux qui croient que le RN pense aux prolos.