Loin d’avoir le melon, Sellig ne s’emmêle jamais les arpions dans cette fine bande qui sépare le populaire de la popularité. C’est pourtant pas faute de remplir les salles de France et de Navarre sans promo télé. Dans tous les cas, même après 30 ans de carrières, plus de 6 spectacles, 6 livres et des millions de vue sur Youtube, Sellig a su rester le gars lambda, proche de son public, sans aucune reconnaissance des médias… Tant mieux vous me direz, mieux vaut ne pas se couper de la vie de monsieur et madame tout le monde, surtout quand c’est là que vous allez puiser votre inspiration.
Retour dans les 90’s ; le jeune lyonnais Gilles Magnard pas encore Sellig (son prénom à l’envers mais les dyslexiques l’auront compris) hésite le doigt sur le menton : devenir chef d’un bouchon lyonnais ou humoriste reconnu ? Un passage par Graines de Star et l’appui inconditionnel d’Anne Roumanoff eurent raison de sa carrière derrière les fourneaux ; dorénavant c’est sur scène que Sellig fera sa popote.
Mais sa carrière, Sellig la doit pas mal à son cher grand-père. Friand des grands classiques de l’humour à la française, il lui fait découvrir minot Fernandel, Bourvil, Louis de Funès, Robert Lamoureux, Fernand Raynaud et Jacqueline Maillan. Ces influences un rien vintage, Sellig en fera donc son idéal comique pour les années à venir en évitant soigneusement de sombrer dans la nostalgie. Avec 0% de sujets grinçants ou militants, garanti sans cynisme ni sarcasme, exempt de tout message et surtout sans méchanceté, l ’humour de Sellig se veut être avant tout comme un bon gros monospace. ; familial, convivial et confortable. C’est d’ailleurs ce qui le positionne comme l’un des meilleurs dans son genre et qui lui permet d’embarquer un max de monde dans ses délires.
Contrairement à une ribambelle de ses collègues, Sellig délaisse volontiers les sujets qui fâchent comme la politique ou la religion. Loin des modes du rire 2.0 comme des tendances du lol, Sellig préfère chercher dans la vie de tous les jours de quoi réjouir son public. C’est que le quotidien, si on sait l’observer avec justesse, reste une réserve à gags inépuisable pour les artisans de la comédie. Puis le banal, c’est quand même ce qui nous ressemble et nous rassemble qu’on soit minot ou grabataire, non ? D’ailleurs, pour être au plus proche de ce qu’il raconte, Sellig n’hésite pas à nous livrer un peu de sa vie privée. Mais attention, sans lorgner non plus vers la confession intime mais plutôt sur l’aveu de faiblesse et pour le sublimer sous les projecteurs avec une belle énergie. Bah ouais, quoi de mieux que de rire de soi pour faire marrer les autres ? Première victime consentante de ses vannes, Sellig raconte des situations de crise, euh, des scènes de vie connues voire vécues par tout le monde ; un repas du dimanche avec son beauf, le montage d’un meuble ikea, une cession shopping avec sa meuf, et les transforme avec panache en aventures rocambolesques à la limite de la folie totale.
Les codes de l’humour ont évolué au fil des âges et des usages, le rire passe du jaune au noir selon l’actualité, mais les tracas de tous les jours, eux, ne changeront jamais. Ça, Sellig l’a pigé dès le début. Alors curieux de tout, amoureux des gens, un carnet de notes toujours à portée de mains, il préfère noircir des pages et des pages de ses observations plutôt que le tableau d’une société déjà bien mal en point. L’humour ne pansera jamais les blessures du monde mais il peut très bien aider à supporter au jour le jour nos vies pas si moyennes.
Pourquoi devient-on comique ?
On ne devient pas comique, on naît comique, et ensuite si tout se passe bien, un jour, avec beaucoup de travail et de persévérance et une bonne dose de chance quand même, on nous paye pour ça. On peut apprendre à être comédien, on va au conservatoire, mais on ne peut pas apprendre à être comique.
C’est quoi la différence entre la cuisine et la comédie ?
Je dirais qu'il n'y a pas de différence entre la cuisine et la comédie. La cuisine est une grande comédie précise et minutieuse et la comédie est une cuisine subtile de précision. Le dénominateur commun entre les deux c’est que l'on ne peut pas se tromper, on est en direct tout le temps. Quand on envoie un plat en cuisine il faut qu'il soit réussi tout de suite, et quand on envoie un sketch sur scène c’est la même chose, on ne peut pas le recommencer il faut le faire bien dès la première fois.
Qu’est-ce qui vous a fait rire récemment ?
Je rigole en regardant des comédies pour me changer les idées ou bien alors des collègues comme Gad Elmaleh, Florence Foresti ou encore des jeunes talents qui montent comme Harold Barbé ou bien Amandine Lourdel que j'ai connue en allant voir des plateaux de stand-up.
Vous présentez vos spectacles comme une succession d’« épisodes », c’est une influence des séries télé ?
Pas du tout, c'est à cause, ou plutôt grâce à Anne Roumanoff qui a produit mon premier spectacle à Paris au théâtre de 10h00 place Pigalle et qui voulait trouver un nom à mon spectacle. N'étant pas très fan des titres de one-man-show mais étant fan de Star Wars, sortait à l'époque l'épisode 1 de Star Wars et du coup Anne Roumanoff a dit Eh bien nous appellerons ton spectacle Episode 1 puisque c'est ton premier spectacle professionnel et les autres ont découlé naturellement de ce titre.
Un nouveau spectacle en cours ?
Alors oui j'ai toujours un spectacle en cours je n'arrête jamais d'écrire et de créer de nouveaux sketchs pour rester dans la course pour rester vif d'esprit pour rester créatif et ne pas m'encroûter sur ce que j'ai déjà fait et qui fonctionne il faut toujours passer à autre chose quand on a fait un spectacle qui fonctionne très bien ; bravo maintenant il faut passer à autre chose et ne pas s'endormir.
Vous avez écrit plusieurs romans, dont certains de SF. Vous aviez une affinité avec ce genre avant de vous y lancer ?
Oui effectivement j'ai toujours lu de la science-fiction ou de la fantasy, j'ai toujours aimé ce style comme Terry Pratchett ou Philip K. Dick, et modestement, très modestement, je me suis mis à écrire un space-opera qui m'amusait et dans lequel j'aurais aimé vivre.
Vous sortez ce mois-ci une BD aux éditions Bamboo, vous êtes un amateur du genre ?
Je suis un amateur en bande dessinée mais sur celle-ci je n'ai rien fait du tout je n'ai fait qu’accepter la proposition qu'on m'a faite et aider les scénaristes à adapter mes sketchs en bande dessinée. J'ai appris plein de choses très intéressantes mais je n'ai jamais fait de bandes dessinées. Cette bande dessinée est née avec le directeur de Bamboo édition. Il connaissait mon travail et m'a proposé de créer cette bande dessinée sur ma sœur et mon beau-frère. J'ai trouvé l'idée amusante et intéressante.
Ma sœur et mon beau-frère - Signé Sellig - Tome 01 – 72 pages – 13,90 €. – Bamboo édition
Première collaboration en date avec un humoriste, Ma sœur et mon beau-frère amorce une nouvelle aventure éditoriale pour les éditions Bamboo. Au scénario : Sellig. Personnages principaux : Sellig et sa famille. Le prix : la moitié du prix d’une place de spectacle de l’humoriste. Alors si vous aimez son univers, n’hésitez pas à le rejoindre. Vous y retrouverez sa frangine bien radine au physique robuste grâce à la testo, son beauf aphasique de chez EDF et son neveu de 13 ans, HPI ou mal élevé (au choix), bon pour un centre spécialisé et aussi leur chienne Pupuce, monstre de la génétique à la fringale insatiable… Au menu, que des sujets qui fâchent : les vacances avec leur lot d’orgas foireuses, de pannes de bagnoles, de camping naze et d’engueulades de voisinage, puis le déménagement à grand renfort de tours de reins, Noël et son repas interminable, la Montagne sans un guide à jeun à l’horizon, le jour de l’An dans une ambiance de m…